Publié le 31 Octobre 2012

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  bonne et sainte fête de la Toussaint.

 

 

 

Le maître-mot de cette grande affaire difficile qui départage les vrais chrétiens et le "monde" est lâché: c'est l'espérance, qui est le cri même de la vie et dont le christianisme a fait une vertu théologale. Comme son nom l'indique, elle nous détourne du néant pour nous porter vers ce Dieu dont la Bilble dit que la joie est notre rempart.

 

 

Quand on touche aujourd'hui à cette petite et toute-puissance espérance, qui est bien ce qui manque le plus cruellement au monde, on en vient presque immanquablement à laisser parler le pauvre pécheur qui l'a célébrée comme pas un, avec des mots qui ne sont pas dans le catéchisme mais qui éclatent de vérité.

 

 

...

 

Dans l'ordre chrétien, mourir c'est se rejoindre, arriver enfin au bout de soi-même, commencer d'être avec plénitude.

 

"Plus une chose meurt, plus elle arrive au bout d'elle-même"

 

Claudel n'a fait que démarquer le célèbre et admirable " Tel qu'en lui-même enfin l'éternité le change."

 

 

 

 

 

"Le monde moderne avilit, écrivait  Péguy. Il avilit la cité; il avilit l'homme, il avilit l'amour, il avilit la femme, Il avilit la race; Il avilit l'enfant; Il avilit la nation; il avilit la famille,. Il avilit même.. il a réussi à avilir ce qu'il y a de plus difficile à avilir au monde, parce que c'est quelque chose qui a en soi, comme dans sa texture, une sorte particulière de dignité, comme une incapacité singulière d'ête avili: il avilit la mort."

 

 

 

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RP  Lelong

 


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Publié le 31 Octobre 2012

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Publié le 30 Octobre 2012

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Je vis sans vivre en moi-même

Et j'espère une vie si haute

Que je meurs de ne pas mourir!

 

Vois combien l'amour est fort,

O vie, ne me sois pas hostile,

Vois qu'il ne te reste plus

Pour te gagner qu'à te perdre!

 

Vienne donc la douce mort,

Vienne la mort si légère,

Car je meurs de ne pas mourir!

 

ste Thérèse

 

 

 


 

Sans doute, chacun de nous y songe, plus ou moins fréquemment, plus ou moins réellement, mais n'y échappe pas. (On y est bien forcé quand les rangs s'éclaircissent autour de soi.)

 

Mais à quoi bon mettre en commun nos peurs, nos dégoûts, nos espoirs, nos doutes, attendu que, si nous sommes livrés à nous-mêmes, les conclusions ne sauraient représenter que des hypothèses dont nous sentons bien, les premiers, la fragilité et qui sont surtout des moyens provisoires dont nous nous gratifions afin de nous supporter de de poursuivre ce dur chemin?

 

Pascal - il est difficile de réfléchir là-dessus sans recourir bientôt à lui - a exprimé en trois monosyllabes définitifs l'impuissance humaine à l'entr'aide mutuelle dans ce moment crucial:" On meurt seul". Ceux qui ont éprouvé, pour leur compte, l'ironie cruelle qu'il y a dans l'expression courante "assister les mourants", savent bien qu'il faut en convenir; les gestes, la présence, les veilles, tout ce que l'amour invente au chevet d'un moribond, ne comble tout de même pas le gouffre qui se creuse. Nulle part ne se vérifie davantage la vérité du constat de Rainer-Maria Rilke: " Pour ce qui est de l'essentiel, nous sommes indiciblement seuls."

 

 

...

 

Au fond, la mort n'est rien, c'est mourir qui est la grande affaire.

 

Que dire à ceux qui renoncent aux lumières et aux appuis de la foi? Qu'ils tâchent de ne pas trop gâter la vie présente en détournant leur regard de la fin inéluctable. Le parti une fois pris d'en fini un jour - "Il va falloir quitter tout cela", soupirait Mazarin expirant - qu'ils s'en tiennent, s'ils le peuvent, dans ce présent qui fuit, au carpe diem d'Horace, avec pour seul objectif d'en cueillir sinon d'en épuiser la joie. Il faut reconnaître que cette politique de l'autruche est favorisée par une espèce d'incapacité à réaliser qu'on est personnellement en cause, de sorte qu'on n'assiste jamais qu'à une mort: la sienne.

 

L'homme sait qu'il meurt, mais son savoir ne lui en dit pas plus.

 

Il faut donner ici la parole à Péguy qui enchaîne à son insu, avec force surprenante, en rapportant ce mot d'un philosophe recueilli sur ses lèvres peu d'instants avant sa mort:

 

" Je sais que je vais mourir, mais je ne le crois pas. il entendait sans doute par ces mots qu'il connaissait,, qu'il prévoyait, qu'il préconnaissait sa prochaine mort d'une pleine connaissance intellectuelle, inévitable, mais qu'il ne la préconnaissait pas, qu'il ne pressentait pas sa prochaine mort d'une connaissance organique intérieure. On sait sa mort, on ne la croit pas, on n'y croit pas. C'est je crois l'un des mots les plus profonds que l'on ait prononcé depuis qu'il y a la mort."

 

 

Face aux "sombres défilés de la mort", selon l'image poétique de l'Ecriture, le chrétien n'est pas à ce point démuni.

 

La vraie réponse ne nous vient pas dans un langage qui apaise parce qu'il s'exprime noblement, mais un fait dont les quatre évangélistes nous ont laissé le récit de beaucoup le plus long et le plus circonstancié: la mort de Jésus.

 

Il serait vain de chercher en dehors de la mort du Christ la clef du mystère de notre propre mort. Les paroles elles-même de Jésus sur la vie et sur la mort n'ont de sens et de poids qu'en vertu du sacrifice du Golgotha, qui ne fait qu'un avec le sépulcre vide de la résurrection. 

 

La garantie de notre victoire sur la mort n'est pas l'effet d'un raisonnement, d'une doctrine séduisante, d'une exaltation du coeur et des sens; elle repose sur un fait historique, réel, vérifié: la mort de Jésus et sa suite.


 

D'où vient que peu d'hommes soient aussi pénétrés de la certitude que la vie continue après la mort qu'il est évident qu'un ami, qui a refermé une porte derrière lui, existe toujours et vit dans la chambre d'à côté?

 

Pour bien des raisons, sans doute, parmi lesquelles les maladies de la foi - quand elle n'est pas morte elle-même - doivent compter. Mais aussi à cause d'un malentendu qui fait confondre la réalité authentique de la mort, qui est un changement d'état et de condition, avec les scories et les décombres de l'opération. (Nous disons "les restes", les restes mortels.

 

Il est certain que si l'on s'attache à la dépouille au point de perdre de vue l'essentiel, il n'y a plus qu'amertume,, horreur et désespérance. ...

 

La vérité, c'est que l'Eglise, qui a reçu les paroles de la vie éternelle, est la seule qui sache se tenir devant la mort.

 

Sans rien nier ni méconnaître de ce qui tombe sous l'expérience immédiate, elle assume toute la vérité, y compris la part qui échappe à l'immagination, mais relève d'autres facultés non moins humaines, en tout cas moins fallacieuses.

 

La liturgie des défunts ne parle, avec respect et tendrese, que de sommeil, de vie, de résurrection.

 

Mors et vita duello

conflixere mirando

Dux vitae mortuus

regnat vivus.

 

 

"Mort et Vie se sont affrontées - en un duel étonnant - Le Maître de vie est mort - le voici vivant qui règne.

 

Non, on ne peut pas parler de la mort. On peut faire des mots sur la mort. L'autre jour, en passant par hasard au cimetière Montparnasse devant la tombe d'Edouard Estaunié, il me revenait que l'auteur de l'infirme aux mains de lumière avait écrit que la mort a ceci de pénible qu'elle atteint presque toujours les vivants par ricochet.

L'on peut crâner en face d'elle, comme cette princesse de France: "Fî de la vie! Qu'on ne m'en parle plus."

Ou la flatter:"La Mort! ce mot ne répand cependant rien de sombre dans ma pensée; elle m'apparait couronnée de roses pâles, comme à la fin d'un banquet." Ou bien l'appeler sincèrement tel Modigliani qui répétait souvent à ses amis:" La mort est la plus belle aventure de la vie!" On peut attendre avec la familiarité paysanne et tranquille de Péguy, la dernière femme de ménage:" La mort vient, elle a donc fait le ménage; pour la dernière fois elle a balayé le plancher, elle a mis en ordre les oeuvres. Elle a aussi mis en ordre l'auteur. Elle a rangé les oeuvres..."


 

Pour un disciple du Christ, la mort c'est, à l'exemple de son Maître, passer de ce monde au Père:" Jésus, sachant que son heure était venue de passer de ce monde au Père.." écrit saint Jean. C'était l'appel de saint Ignace d'Antioche:" Il n'y a plus qu'une eau vive qui murmure au-dedans de moi et me dit: Viens vers le Père." L'évêque d'Antioche voué au supplice parlait de naissance et de vie là où d'ordinaire on ne voit que fin terrifiante et mort:

 

"Mon enfantement approche. Pardonnez-moi mes frères; ne m'empêchez pas de vivre, ne veuillez pas que je meure. Celui qui veut être à Dieu, ne le livrez pas au monde, ne le séduisez pas par la matière. Laissez-moi recevoir la pure lumière; quand je serai arrivé là, je serai un homme. Permettez-moi d'être un imitateur de la passion de mon Dieu."

 


 

Naguère, il semblait parfois à Julien Green, que la mort ce n'était presque rien:

 

"23 février I933"

 

Souvent, en pensant à la mort, je me dis que ce sera comme un réveil. Il y aura quelqu'un qui me dira :"Eh bien! tu as vu ce que c'était. Qu'est-ce que tu en penses? Ce n'était pas la peine d'avoir peur! Et l'on m'interrogera comme on interroge un voyageur qui revient de loin. Mais je ne me souviendrai que de l'amour."

 

Le chrétien qui vit du Christ en esprit de foi et d'amour, n'aura sans doute rien de plus à dire, mais il éprouvera, pour son compte que la mort n'est plus l'ennemie qui guette sa proie, mais la compagne avec laquelle il fait bon cheminer le long de la vie.

 

Elle donne à nos joies terrestres une qualité difficile à exprimer, qui est comme une lumière apaisante venue d'ailleurs, un sel incorruptible qui les empêche de se gâter. Elle apporte je ne sais quel air de fête.

 

"Avoir toujours au soir comme une fraîcheur du matin."

 

Maurice Blondel

 

O mort si fraiche, ô seul matin... une aube fraîche et profonde.

 

Révérend Père Lelong

OP

 

 


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Publié le 30 Octobre 2012

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  "Pour ce qui est de l'essentiel, nous sommes indiciblement seuls."

 

Rainer-Maria Rilke.

 

D'où vient que des gens qui répètent, dans leur prière du matin, que le Dieu tout-puissant et paternel auquel ils croient est le créateur du ciel et de la terre, passent le reste de la journée comme ceux qui ont dit simplement, en mettant le nez à la fenêtre:"Aujourd'hui le temps sera beau", ou bien, :"il va pleuvoir." Car c'est le même mot qui signifie cette réalité mystique dont la pensée devrait nous hanter, et les hauteurs azurées d'où le soleil nous distribue sa lumière et les nuages leur rosée.

 

Reconnaissons que le mot ne touche pas avec la même vivacité lorsqu'il désigne, d'une part ce que nous ne saurions décrire mais dont la certitude de l'existence aurait de quoi nous combler, et de l'autre le phénomène météorologique aux conséquences anodines.

 

   C'est dimanche à la campagne. Le prêtre a lu l'Evangile du jour. Il referme le livre et, avec des mots à lui, il s'efforce d'en tirer l'enseignement pratique. En définitive, cette page d'évangile rappelle le chemin du salut, autant dire: le chemin du paradis. L'on a bien écouté et l'on ne doute pas que tout cela soit ainsi. Mais l'ite missa est libère bientôt l'assemblée des fidèles du silence un peu morose et de la contrainte où ils ont été tenus. Dehors, le soleil luit, les visages sont réjouis. Les hommes vont boire un verre ensemble, parler de leurs travaux, du cours du marché, de sport ou de politique. Les femmes vont à leurs occupations ménagères. On est rentré dans la vie et, tout à l'heure, quand la famille sera réunie, à table, autour de la soupière fumante, je vous jure qu'il ne sera plus question de ce ciel dont Monsieur le Curé avait parlé avec tant d'animation.

 

...

 

Constatons simplement que le ciel n'a pas, dans notre pensée et sur notre coeur, la même consistance que ces faits quotidiens. En vérité, il n'a aucune consistance , ou si peu.

 

...

 

Il est certain que ces voyants de l'invisible, suivant le mot de saint Paul, que sont les mystiques et les saints, considèrent le ciel avec d'autres yeux. "Depuis qu'elle a contemplé ces merveilles du paradis, témoigne sainte Thérèse d'Avila, mon âme voudrait toujours demeurer dans cette région de lumière, sans revenir à la vie, tant elle a conçu de mépris pour toutes les choses de la terre... Heureuse l'âme à qui Dieu a ouvert le ciel et montré d'avance le séjour où elle est appelée à vivre! Elle est comme le voyageur qui, allant s'établir dans une contrée lointaine mais connue, charme les ennuis du chemin par la pensée du repos dont il est sûr de jouir au terme de son voyage. Avec quelle facilité elle s'élève à la considération des choses divines! On peut bien dire que, déjà, sa conversation est au ciel."

 

...

Le ciel donne un sens à ce qui semblait n'en point avoir. Ce qu'il est convenu d'appeler le "monde", et qui est le monde moins Dieu, le monde "désacralisé", c'est plutôt ce qui est décoloré, qui n'a point de relief et qui est sans saveur, tandis que la vision chrétienne et paradisiaque de l'univers est la seule qui soit réelle.

 

Nous professons que ce monde n'est pas illusion. Il faut préciser qu'il n'est pas tout à fait réel que par cette intelligence d'où il est sorti et qui le soutient. Le sens de notre destination est impliqué dans nos origines, et ce qu'on cherche dans le futur est déjà arrivé. Si le ciel n'est pas encore arrivé complètement, il est déjà commencé; il faut compter avec lui comme avec une réalité actuelle et présente.

 

Ainsi loin de favoriser une évasion de la terre, le ciel nous y plonge au contraire en lui donnant une valeur d'éternité. La vie même que le chrétien y trouve est une condition est un signe d'authenticité. "Tout ce qui ne donne pas à l'humanité son pain de chaque jour, je n'y crois pas." Ce cri n'est pas de Karl Marx mais du père Lacordaire.

 

Nous ne croyons pas au ciel parce que nous l'aurions vu, mais parce qu'il est cette réalité invisible qui explique tout, notre attente, nos souffrances, nos jouissances, nos espérances. Nous sommes forcés de croire à une chose qui nous fait vivre.

 

 

Ecoutons une fois encore, la voix pathétique et familière de Bernanos:

 

"Compagnons inconnus, vieux frères, nous arriverons ensemble, un jour, aux portes du royaume de Dieu. Troupe fourbue, troupe harassée, blanche de la poussière de nos routes, chers visages dont je n'ai pas su essuyer la sueur, regards qui ont vu le bien et le mal, rempli leur tâche, assumé la vie et la mort, ô regards qui ne se sont jamais rendus! Ainsi vous retrouverai-je, vieux frères.....

 

 

J'appartiens probablement de naissance à ce peuple de l'attente, à la race qui ne désespère jamais, pour laquelle le désespoir est un mot vide de sens, analogue à celui de néant.

 


 

 


 

 

 

R.P. Lelong

O.P.

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Publié le 28 Octobre 2012

 

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IN MEMORIAM

dom François Henry

5 Juin 2012

 

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 la foi chrétienne est-elle aussi pour nous aujourd'hui une espérance qui transforme et soutient notre vie? Est-elle pour nous « performative » – un message qui forme de manière nouvelle la vie elle-même, ou est-elle désormais simplement une « information » que, entre temps, nous avons mise de côté et qui nous semble dépassée par des informations plus récentes?

 

Dans la recherche d'une réponse, je voudrais partir de la forme classique du dialogue par lequel le rite du Baptême exprimait l'accueil du nouveau-né dans la communauté des croyants et sa renaissance dans le Christ. Le prêtre demandait d'abord quel nom les parents avaient choisi pour l'enfant, et il poursuivait ensuite par la question: « Que demandez-vous à l'Église? » Réponse: « La foi ». « Et que donne la foi? » « La vie éternelle ».

 

Dans le dialogue, les parents cherchaient pour leur enfant l'accès à la foi, la communion avec les croyants, parce qu'ils voyaient dans la foi la clé de « la vie éternelle ». En fait, aujourd'hui comme hier, c'est de cela qu’il s'agit dans le Baptême, quand on devient chrétien: non seulement d'un acte de socialisation dans la communauté, non pas simplement d'un accueil dans l'Église. Les parents attendent plus pour le baptisé: ils attendent que la foi, dont fait partie la corporéité de l'Église et de ses sacrements, lui donne la vie – la vie éternelle.

 

La foi est la substance de l'espérance.

 

Mais alors se fait jour la question suivante: voulons-nous vraiment cela – vivre éternellement?

 

Peut-être aujourd'hui de nombreuses personnes refusent-elles la foi simplement parce que la vie éternelle ne leur semble pas quelque chose de désirable. Ils ne veulent nullement la vie éternelle, mais la vie présente, et la foi en la vie éternelle semble, dans ce but, plutôt un obstacle.

 

Continuer à vivre éternellement – sans fin – apparaît plus comme une condamnation que comme un don. Bien sûr, on voudrait renvoyer la mort le plus loin possible. Mais vivre toujours, sans fin – en définitive, cela peut être seulement ennuyeux et en fin de compte insupportable.

 

C'est précisément cela que dit par exemple saint Ambroise, Père de l'Église, dans le discours funèbre pour son frère Saturus: « La mort n'était pas naturelle, mais elle l'est devenue; car, au commencement, Dieu n'a pas créé la mort; il nous l'a donnée comme un remède [...] à cause de la transgression; la vie des hommes commença à être misérable dans le travail quotidien et dans des pleurs insupportables.

Il fallait mettre un terme à son malheur, afin que sa mort lui rende ce que sa vie avait perdu. L'immortalité serait un fardeau plutôt qu'un profit, sans le souffle de la grâce ». Auparavant déjà, Ambroise avait dit: « La mort ne doit pas être pleurée, puisqu'elle est cause de salut ».

 

 Quel que soit ce que saint Ambroise entendait dire précisément par ces paroles – il est vrai que l'élimination de la mort ou même son renvoi presque illimité mettrait la terre et l'humanité dans une condition impossible et ne serait même pas un bénéfice pour l'individu lui-même. Il y a clairement une contradiction dans notre attitude, qui renvoie à une contradiction intérieure de notre existence elle-même. D'une part, nous ne voulons pas mourir; surtout celui qui nous aime ne veut pas que nous mourions. D'autre part, il est vrai que nous ne désirons pas non plus continuer à exister de manière illimitée et même la terre n'a pas été créée dans cette perspective.

 

Alors, que voulons-nous vraiment?

 

Ce paradoxe de notre propre attitude suscite une question plus profonde: qu'est-ce en réalité que la « vie »? Et que signifie véritablement « éternité »?

 

Il y a des moments où nous le percevons tout à coup: oui, ce serait précisément cela – la vraie « vie » – ainsi devrait-elle être. Par comparaison, ce que, dans la vie quotidienne, nous appelons « vie », en vérité ne l'est pas.

 

Dans sa longue lettre sur la prière adressée à Proba, une veuve romaine aisée et mère de trois consuls, Augustin écrivit un jour: dans le fond, nous voulons une seule chose – « la vie bienheureuse », la vie qui est simplement vie, simplement « bonheur ». En fin de compte, nous ne demandons rien d'autre dans la prière. Nous ne marchons vers rien d'autre – c'est de cela seulement qu’il s'agit. Mais ensuite, Augustin ajoute aussi: en regardant mieux, nous ne savons pas de fait ce qu'en définitive nous désirons, ce que nous voudrions précisément. Nous ne connaissons pas du tout cette réalité; même durant les moments où nous pensons pouvoir la toucher, nous ne la rejoignons pas vraiment. « Nous ne savons pas ce que nous devons demander », confesse-t-il avec les mots de saint Paul (Rm 8, 26).

 

Nous savons seulement que ce n'est pas cela.

 

Toutefois, dans notre non-savoir, nous savons que cette réalité doit exister. « Il y a donc en nous, pour ainsi dire, une savante ignorance (docta ignorantia) », écrit-il. Nous ne savons pas ce que nous voudrions vraiment; nous ne connaissons pas cette « vraie vie »; et cependant, nous savons qu'il doit exister un quelque chose que nous ne connaissons pas et vers lequel nous nous sentons poussés.

 

 Je pense qu'Augustin décrivait là de manière très précise et toujours valable la situation essentielle de l'homme, la situation d'où proviennent toutes ses contradictions et toutes ses espérances.

 

Nous désirons en quelque sorte la vie elle-même, la vraie vie, qui ne finisse pas par être atteinte par la mort; mais, en même temps, nous ne connaissons pas ce vers quoi nous nous sentons poussés. Nous ne pouvons pas cesser de nous diriger vers cela et cependant nous savons que tout ce que nous pouvons expérimenter ou réaliser n'est pas ce à quoi nous aspirons. Cette « chose » inconnue est la véritable « espérance », qui nous pousse et le fait qu'elle soit ignorée est, en même temps, la cause de toutes les désespérances comme aussi de tous les élans positifs ou destructeurs vers le monde authentique et vers l'homme authentique.

 

L'expression « vie éternelle » cherche à donner un nom à cette réalité connue inconnue.

 

Il s'agit nécessairement d'une expression insuffisante, qui crée la confusion. En effet, « éternel » suscite en nous l'idée de l'interminable, et cela nous fait peur; « vie » nous fait penser à la vie que nous connaissons, que nous aimons et que nous ne voulons pas perdre et qui est cependant, en même temps, plus faite de fatigue que de satisfaction, de sorte que, tandis que d'un côté nous la désirons, de l'autre nous ne la voulons pas.

 

Nous pouvons seulement chercher à sortir par la pensée de la temporalité dont nous sommes prisonniers et en quelque sorte prévoir que l'éternité n'est pas une succession continue des jours du calendrier, mais quelque chose comme le moment rempli de satisfaction, dans lequel la totalité nous embrasse et dans lequel nous embrassons la totalité. Il s'agirait du moment de l'immersion dans l'océan de l'amour infini, dans lequel le temps – l'avant et l'après – n'existe plus.

 

Nous pouvons seulement chercher à penser que ce moment est la vie au sens plénier, une immersion toujours nouvelle dans l'immensité de l'être, tandis que nous sommes simplement comblés de joie.

 

C'est ainsi que Jésus l'exprime dans Jean: « Je vous reverrai, et votre cœur se réjouira; et votre joie, personne ne vous l'enlèvera » (16, 22). Nous devons penser dans ce sens si nous voulons comprendre ce vers quoi tend l'espérance chrétienne, ce que nous attendons par la foi, par notre être avec le Christ.

 

 

...

 


Cette grande espérance ne peut être que Dieu seul, qui embrasse l'univers et qui peut nous proposer et nous donner ce que, seuls, nous ne pouvons atteindre.

 

Précisément, le fait d'être gratifié d'un don fait partie de l'espérance. Dieu est le fondement de l'espérance – non pas n'importe quel dieu, mais le Dieu qui possède un visage humain et qui nous a aimés jusqu'au bout – chacun individuellement et l'humanité tout entière.

 

Son Règne n'est pas un au-delà imaginaire, placé dans un avenir qui ne se réalise jamais; son règne est présent là où il est aimé et où son amour nous atteint.

 

Seul son amour nous donne la possibilité de persévérer avec sobriété jour après jour, sans perdre l'élan de l'espérance, dans un monde qui, par nature, est imparfait. Et, en même temps, son amour est pour nous la garantie qu'existe ce que nous pressentons vaguement et que, cependant, nous attendons au plus profond de nous-mêmes: la vie qui est « vraiment » vie.

 

 

 

spes salvi Benoît XVI

 

 


"Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus. Il n'y aura plus ni deuil, ni cri, ni travail; car les premières choses sont passées.  Et celui qui était assis sur le trône, dit: Voici, je fais toutes choses nouvelles."


 

PAROLE D'EVEQUE ...

 

 


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Rédigé par philippe

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Publié le 28 Octobre 2012

 

 

Allez.. ,nous dites-vous à tous les tournants de l'Evangile.

Pour être dans votre sens, il faut aller, même quand notre paresse nous supplie de demeurer.

 

Vous nous avez choisis pour être dans un équilibre étrange. Un équilibre qui ne peut s'établir et tenir que dans un mouvement, que dans un élan.

 

Un peu comme un vélo qui ne tient pas debout sans rouler, un vélo qui reste penché contre un mur tant qu'on ne l'a pas enfourché, pour le faire filer bon train sur la route.

 

La condition qui nous est donnée c'est une insécurité universelle, vertigineuse. Dès que nous nous prenons à la regarder, notre vie penche, se dérobe.

 

Nous ne pouvons tenir debout que pour marcher, que pour foncer, dans un élan de charité.

 

Tous les saints qui nous sont donnés pour modèles, ou beaucoup, étaient sous le régime des Assurances - une espèce de sécurité spirituelle qui les garantissait contre les risques, les maladies, qui prenait même en charge leurs enfantements spirituels. Ils avaient des temps de prière officlels, des méthodes pour faire pénitence, tout un code de conseils et de défense.

 

Mais pour nous, c'est dans un libéralisme un peu fou que se joue l'aventure de votre grâce. Vous nous refusez à nous fournir une carte routière. Notre cheminement se fait de nuit. Chaque acte à faire à tour de rôle s'illumine comme des relais de signaux. Souvent la seule chose garantie c'est cette fatigue régulière du même travail chaque jour à faire, du même ménage à recommencer, des mêmes défauts à corriger, des mêmes bêtises à ne pas faire.

 

Mais en dehors de cette garantie, tout le reste est laissé à votre fantaisie qui s'en donne à l'aise avec nous.

 

 

la joie de croire.

Madeleine Delbrel.

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Publié le 26 Octobre 2012

 

 

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C’est le bon Jean de La Fontaine qui avait raison : "En toute chose, il faut considérer la fin ".

 

La fin qui est à considérer, notre but notre unique destinée, c’est le Ciel. Le Ciel, c’est Dieu qui se montre, qui nous prend, qui nous donne de le voir et de l’aimer, en un unique instant qui dure toujours.

 

 

Un rien fait pousser notre sainteté, un rien la fait aussi ployer ! Elle est comme une fleur multicolore qui est venue toute seule, fleur précieuse, exquise, mais si délicate !

 

Pour que le bouton devienne fleur, il doit être cultivé, et avec beaucoup de soin. Oui, la sainteté est un don, mais elle est aussi un travail.

 

Elle n’est pas de nous, mais elle doit devenir nôtre.

 

La sainteté est sans cesse en travaux, et les Béatitudes sont les massifs du jardin, et la miséricorde en est comme le parterre central, vers qui les autres convergent. Oui, la sainteté se jardine : et le jardin du Ciel, de notre Ciel, ne sera pas plus beau qu’il ne l’est aujourd’hui, car c’est le jardin de la charité : simplement on le verra enfin. La sainteté se jardine au quotidien. C’est notre vie courante, la plus banale, la plus quotidienne, qui est appelée à être sanctifiée.

 

Il y aurait grand péril à mettre le spirituel d’un côté et le quotidien de l’autre : A Dieu ne plaise que notre vie ne devienne comme une armoire trop bien rangée ! Une armoire avec des tiroirs : un tiroir pour la famille, un tiroir pour la vie professionnelle ; un tiroir pour les mondanités, un tiroir pour les bonnes œuvres et puis au fond du tiroir une chaussette, que l’on remplit de petites pièces (ou de Napoléons !) pour la sainteté, car on ne sait jamais !

 

Sainteté bien misérable que celle là, bien risquée aussi serait une sainteté trop désincarnée, avec une vie spirituelle trop autonome, et puis à côté d’elle un quotidien sans Dieu . C’est l’humain lui-même qui doit se laisser envahir. Il n’y a pas le monde profane d’un côté et le monde spirituel de l’autre : Ce qui est profane en nous doit être évangélisé, en fait converti. Depuis que Jésus s’est fait homme, le profane n’existe plus : tout doit être converti.

C’est donc notre quotidien qui sera offert dans sa prière et réciproquement, plus Dieu nous devient quotidien, et plus nous éprouvons le désir de lui réserver de petits moments, de les lui donner, à lui tout seul, à la dérobée...

 

L’essentiel, c’est le Ciel ! Mais notre Ciel, c’est sur terre qu’il commence. Car le Ciel c’est vivre d’Amour et nous brûlons de voir enfin, un jour, Celui que mon cœur aime, que notre cœur aime de son amour devenu le nôtre :

 

De son Amour, chante Thérèse, je veux être embrasée

 

Je veux le voir, m’unir à lui toujours

 

Voilà mon Ciel... Voilà ma destinée

 

Vivre d’Amour !!!

 

fr TD Humbrecht op .

 

 

 

  et bonnes vacances !

 

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  paysage de Vendée,

 

Prudence sur les routes... tout dépend lesquelles vous prenez ! je prépare le Luçon dakar avec tonton Antoine ..! 

 

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Rédigé par philippe

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Publié le 26 Octobre 2012

 

 

Voilà les feuilles sans sève

Qui tombent sur le gazon,

Voilà le vent qui s’élève

Et gémit dans le vallon,

Voilà l’errante hirondelle .

Qui rase du bout de l’aile :

L’eau dormante des marais,

Voilà l’enfant des chaumières

Qui glane sur les bruyères

Le bois tombé des forêts.

 

L’onde n’a plus le murmure ,

Dont elle enchantait les bois ;

Sous des rameaux sans verdure.

Les oiseaux n’ont plus de voix ;

Le soir est près de l’aurore,

L’astre à peine vient d’éclore

Qu’il va terminer son tour,

Il jette par intervalle

Une heure de clarté pâle

Qu’on appelle encore un jour.

 

L’aube n’a plus de zéphire

Sous ses nuages dorés,

La pourpre du soir expire

Sur les flots décolorés,

La mer solitaire et vide

N’est plus qu’un désert aride

Où l’oeil cherche en vain l’esquif,

Et sur la grève plus sourde

La vague orageuse et lourde

N’a qu’un murmure plaintif.

 

La brebis sur les collines

Ne trouve plus le gazon,

Son agneau laisse aux épines

Les débris de sa toison,

La flûte aux accords champêtres

Ne réjouit plus les hêtres

Des airs de joie ou d’amour,

Toute herbe aux champs est glanée :

Ainsi finit une année,

Ainsi finissent nos jours !

 

C’est la saison où tout tombe

Aux coups redoublés des vents ;

Un vent qui vient de la tombe

Moissonne aussi les vivants :

Ils tombent alors par mille,

Comme la plume inutile

Que l’aigle abandonne aux airs,

Lorsque des plumes nouvelles

Viennent réchauffer ses ailes

A l’approche des hivers.

 

 

Lamartine. 

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Publié le 26 Octobre 2012

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"A l'heure où les hommes et les Etats sans Dieu, devenus la proie des guerres qu'allument la haine et des discordes intestines, se précipitent à la ruine et à la mort, l'Eglise de Dieu, continuant à donner au genre humain l'aliment de la vie spirituelle, engendre et élève pour le Christ des générations successives de saints et de saintes;

 

le Christ, à son tour, ne cesse d'appeler à l'éternelle béatitude de son royaume céleste ceux en qui il a reconnu de très fidèles et obéissants sujets de son royaume terrestre."

 

Pie XI

 


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Publié le 26 Octobre 2012

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"Reçois-moi, Seigneur, selon ta parole et je vivrai !

 

Ne permets pas que soit confondue mon espérance. » Ps 118, 116

 


 

Suscipe me, Domine,

c'est à dire, "Reçois-moi, Seigneur;

prends-moi avec toi sur la croix;

unis-moi à ton sacrifice au Père;

fais de moi une seule offrande

livrée au feu de l'Esprit-Saint

sur l'autel de ton Coeur."

 

 


 

"Broyé par la souffrance,

le Serviteur a plu au Seigneur."

Fiat mihi, dites-vous,

secundum Verbum tuum.

--Qu'il me soit fait comme il fut fait au Verbe.

Et Isaïe continue, disant,

"Il a fait de sa vie un sacrifice d'expiation."

Et là encore, en tant qu'épouse de Jésus crucifié,

vous êtes obligée de répondre:

"Qu'il me soit fait comme il fut fait en ton Verbe,

à ton Verbe, et par ton Verbe."

 

L'expiation n'est autre chose que la réparation,

et qu'est-ce que la réparation sinon l'Amour qui répare,

l'Amour qui répare les dégâts du péché;

l'Amour qui rend pur ce qui a été souillé;

l'Amour qui rend la beauté à ce que le mal a défiguré;

l'Amour qui rend la vie en plénitude

aux âmes que le monde, et la chair, et l'Ennemi entraînent vers la mort.

 

 

Par cela, vous vouliez signifier

qu'en qualité d'épouse de Jésus crucifié,

vous vouliez être configurée à lui,

rendue semblable au Verbe,

recevoir en vous-même

l'impression ineffaçable de sa sainte Face,

c'est à dire, de son visage tout tourné vers le Père,

de son visage douloureux,

et de son visage glorieux.

 

En effet, le mystère du visage du Christ,

le mystère de la sainte Face,

demeure au coeur de la vocation de toute épouse de Jésus crucifié.

 

 

Et le Seigneur vous a répondu:

"Je te reçois comme épouse:

tout ce qui est à moi sera désormais à toi;

je te prends avec moi dans tous mes mystères.

 

Avec toi, je partagerai ma grande Passion;

avec toi, je partagerai mes profondes plaies;

avec toi, je partagerai mon effusion de sang,

ma mort soufferte dans toutes les amertumes,

ma descente aux enfers,

mon réveil au matin de la résurrection,

mon regard tout illuminé par le regard de mon Père,

mon ascension à sa droite dans la gloire,

et ma vie cachée, humble, silencieuse

dans le Sacrement de mon amour.

 

 

vultus Christi

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